Prix du livre

Rencontres Philosophiques d'Uriage 2022

"Comment habiter le monde"

Ouvrages sélectionnés pour le prix du livre d’Uriage :



 

 

Céline Bonicco- Donato, Heidegger et la question de l'habiter : Une philo-sophie de l’art

Heidegger et la question de l habiter

Peut-on être architecte sans avoir lu Heidegger ? Peut-on bâtir au sens vrai sans avoir approché la pensée, complexe et profonde, de l'auteur, en 1951, de l'essai «?Bâtir, habiter, penser?» ? La question peut sembler incongrue, elle s'impose pourtant comme une évidence à la lecture de ce livre.

 Partant du fait qu'il ne suffit pas d'être abrité pour habiter, différence primordiale que Heidegger établit tandis que l'Allemagne de l'après-guerre construit à tout-va, c'est à la question de l'être de l'homme qu'il en vient. Et, au fil de sa réflexion, l'architecte, que le philosophe appelle à être jardinier du monde, se révèle être un protagoniste clé de l'accomplissement de l'existence humaine. La dissection méthodique et éclairante du raisonnement heideggérien opérée ici a le mérite de ne pas s'adresser aux seuls philosophes ; tout architecte ou apprenti architecte y trouvera matière à nourrir à la fois sa sensibilité intime et sa pratique. À l'instar d'un Alvar Aalto ou d'un Peter Zumthor dont les emblématiques thermes de Vals, décryptés dans cet ouvrage, sont une incarnation consciente et explicite de ce que l'architecture doit au philosophe allemand.

Céline Bonicco-Donato est maître de conférences à l'école d'architecture de Grenoble. Ancienne élève de l'Ecole normale supérieure, agrégée et docteur en philosophie, elle a d'abord développé ses recherches sur la sociologie urbaine de l'école de Chicago (Une archéologie de l'interaction, De David Hume à Erving Goffman, Paris, Vrin, 2016). Elle travaille désormais sur les dimensions esthétiques et politiques des atmosphères architecturales, au sein de l'équipe Cresson, UMR Ambiances, Architectures, Urbanités (Ensa Grenoble).

Chouette

 

Paul Guillibert, Terre et capital. Pour un communisme du vivant. Paris, Amsterdam éditions, (2021)

Terre et capital

L’humanité a basculé dans l’ère des catastrophes globales. Partout sur la planète les forêts brûlent, les océans s’asphyxient, les espèces disparaissent. La sixième extinction de masse est en marche. L’urgence commande l’élaboration d’une politique qui conjurerait la destruction généralisée de la vie : un communisme du vivant. Puisque la crise environnementale procède de la recherche effrénée du profit, toute écologie politique formulée en dehors de cet horizon est vouée à l’échec. S’appuyant sur une lecture conjointe du marxisme et des humanités environnementales, Paul Guillibert défend une philosophie sociale de la nature pour démontrer que la préservation de la biosphère est devenue une condition nécessaire à l’émancipation.

Tentative inédite de fournir une assise théorique aux luttes pour les usages de la Terre et à la prise en compte des non-humains, cet essai propose une ambitieuse actualisation du projet communiste, fondée sur la protection du vivant.

Paul Guillibert est docteur et enseignant en philosophie. Il élabore une critique écologique du capitalisme à partir d’une histoire environnementale de la pensée marxiste.

https://www.en-attendant-nadeau.fr/2022/03/08/communisme-vivants-guillibert/

Chouette

 

Frédéric Keck, Signaux d’alerte. Contagion virale, justice sociale, crises environnementales éd. Desclée de Brouwer (2020)

Signaux d alerte

Les signaux d'alerte se multiplient sur les catastrophes écologiques. La valeur de ces signaux n'est pas régie par le critère de la vraie ou de la fausse alerte, ni par le principe du bon ou du mauvais gouvernement, mais par l'attractivité du signal, c'est-à-dire sa capacité à susciter l'attention et l'intérêt de ceux qui le reçoivent.

En s'appuyant sur une étude des sentinelles des pandémies dans les sociétés asiatiques, Frédéric Keck montre que les territoires qui émettent des signaux d'alerte, comme Hong Kong, Taïwan ou Singapour, ont entre eux des relations de compétition et de collaboration analogues à celles des oiseaux qui concourent pour alerter sur la présence d'un prédateur. Dans cette émulation, où les pays échangent des informations pour prendre les mesures les plus rapides, se joue une nouvelle forme de solidarité globale et de justice sociale. Pour prendre la mesure de ce phénomène, l'auteur propose une lecture de quelques penseurs des signaux d'alerte (Claude Lévi-Strauss, Amotz Zahavi, Anna Tsing) ; puis une histoire des grandes crises sanitaires depuis vingt ans ; enfin, une approche de certaines oeuvres d'art (romans, films, expositions), qui nous préparent aux prochaines crises en faisant travailler notre imaginaire.

Frédéric Keck est anthropologue, directeur du Laboratoire d’anthropologie sociale au CNRS. Il a publié plusieurs ouvrages sur l'histoire de l'anthropologie française (Lucien Lévy-Bruhl, Émile Durkheim, Henri Bergson, Claude Lévi-Strauss) et deux livres sur les crises sanitaires causées par les maladies animales : Un monde grippé (Flammarion, 2010) et Les Sentinelles des pandémies (Zones sensibles, 2020). Il a reçu la médaille de bronze du CNRS en 2012 et a dirigé le département de la recherche du musée du quai Branly entre 2014 et 2018.

Chouette

 

Joëlle Zask, Ecologie et démocratie, éd. Premier parallèle (2022)

Ecologie et democratie

La démocratie et l’écologie seraient-elles incompatibles ? On entend souvent qu’il y aurait dans l’écologie quelque chose d’élitiste, de contraire aux désirs majoritaires. Ou alors qu’il faudrait, pour prendre le tournant écologique à temps, avoir recours à des méthodes autoritaires, user de la manière forte. Cet essai entreprend au contraire de démontrer que non seulement il n’y a pas de contradiction entre l’écologie et la démocratie, mais que l’une ne va pas sans l’autre. Avant de critiquer ou d’acclamer son gouvernement, le citoyen au sens fort participe activement à la création de ses propres conditions d’existence. Il transforme le monde en le préservant. Il jardine, construit, aménage, s’associe à d’autres, inventant avec la nature comme avec autrui des formes de vie communes. Aux côtés du système représentatif, il y a ou il devrait y avoir un système participatif qui permette à chacun d’entre nous d’« augmenter » le monde.

Voilà donc l’urgence qui anime ce propos : pour que notre monde ne devienne pas un monde de désolation, nous devons introduire dans l’idée de citoyenneté la production, l’entretien, la préservation et la transmission d’espaces concrets partageables – en somme, la juste occupation de la terre.

Joëlle Zask  est Maître de conférences en philosophie  au département de philosophie de l’université Aix- Marseille. Spécialiste de John Dewey et de philosophie sociale (une branche de la philosophie assez ignorée en France), elle s’intéresse aux conditions d’une culture démocratique partagée. Ses réflexions l’amènent à plonger dans des domaines aussi différents que ceux de l’éducation, l’agriculture, l’économie, l’art, les politiques publiques et bien sûr l’écologie. Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages, dont La Démocratie aux champs (La Découverte, 2016) et, aux éditions Premier Parallèle, Quand la forêt brûle (2019) et Zoocities (2020).

https://www.marianne.net/agora/lectures/ecologie-et-democratie-de-joelle-zask-ou-les-deux-faces-dune-meme-piece